COMMENT JE TRAVAILLE / Sonia Pasquali (Italie): «Le conseil est l'amour. Amour pour votre métier, amour pour les problèmes de vos clients»

Q: Quel est votre position de travail actuelle?

R: Je suis avocat indépendant. Je dirige ma propre entreprise, donc je ne travaille pas avec d'autres avocats ou pour un autre avocat, du moins plus maintenant. J'ai eu cette opportunité, en raison de cette pandémie. Au cours des dernières années, je collaborais avec un cabinet d'avocats, puis la pandémie a changé nos besoins, j'ai donc commencé à travailler à domicile et je pense que je vais continuer comme ça.

Q: Qu'en est-il de vos appareils de travail actuels – qu'est ce que vous utilisez?

R: C'est moitié ordinateur portable, moitié téléphone portable pour moi. Cela dépend de ce que je dois faire. Si je dois écrire beaucoup, peut-être un acte ou un long accord, ou un contrat, évidemment je préfère travailler sur un ordinateur portable. Mais parfois, il s'agit simplement d'écrire de courts courriels, et dans ce cas, je pense qu'un téléphone portable est plus que suffisant et c'est pratique!

Évidemment, le paysage technologique dans lequel nous, les avocats, évoluons est très différent de celui dans lequel j'ai commencé. Quand j'étais apprentie, je ne suis même pas sûre que nous ayons des smartphones! À l'époque, mon téléphone avait un clavier physique, pas un écran tactile. Donc ça a beaucoup changé, aussi en termes de communication, d'essais... Car en Italie les premiers exemples d'essais télématiques en ligne ont commencé en 2011, probablement. J'ai commencé ma pratique en 2009. Le monde a donc beaucoup changé, tout comme les affaires, mais aussi le métier et la relation avocat-client.

Q: Comment décririez-vous votre style de travail, en quelques mots?

R: Mon style consiste à parler beaucoup avec les clients, et à les faire beaucoup parler, car la confiance entre les clients et les avocats est essentielle. Je pense que parfois les clients ont juste besoin de parler, et plus ils parlent, plus ils se sentent à l'aise avec l'avocat, et plus nous pouvons établir la confiance depuis le début. C'est particulièrement vrai si l'on considère que je travaille principalement avec des personnes confrontées à des problèmes personnels, comme un divorce, la garde des enfants ou un membre de la famille malade. Après que nous ayons beaucoup parlé, je leur envoie généralement un courriel, avec une liste des documents dont je pourrais avoir besoin, et ce n'est qu'après que je prends rendez-vous pour une rencontre en personne. Parce que se rencontrer en personne est aussi important, évidemment. Pas toujours, car s'il y a quelque chose que cette pandémie nous a appris, c'est que parfois on n'a pas besoin de perdre du temps à se réunir pour recevoir un document ou quelque chose de similaire, quand on peut gagner du temps avec un courriel.

Q: Avez-vous des sites Internet ou des logiciels juridiques que vous utilisez quotidiennement dans votre activité?

R: Puisque je dirige ma propre entreprise, je n'utilise pas de logiciel juridique particulier. J'utilise Dropbox, j'utilise Google Drive. Mais auparavant, j'utilisais EasyLex et Wolters Kluwer Suite. Je l'utilisais lorsque je travaillais avec d'autres avocats. Les outils Google que j'utilise sont vraiment ce dont j'ai besoin, car ils offrent une plate-forme très sécurisée, et ils fournissent également un cryptage, qui protège les documents de mes clients.

Q: Quels gadgets utilisez-vous le plus?

R: Je ne suis pas née avec un téléphone dans les mains, mais je ne suis pas si loin! Je pense qu'actuellement, avec votre smartphone, vous pouvez effectuer peut-être 8 ou 9 tâches professionnelles sur 10. Alors, je pense qu'en ce moment, le téléphone fait partie de mon corps! (elle rit)

Q: Avez-vous un planificateur de tâches préféré?

R: En ce sens, je suis encore un peu «à l'ancienne», donc j'ai toujours un agenda sur papier. J'ai essayé d'utiliser Trello ou d'autres types d'outils, mais je suis revenue à la manière classique.

Q: À quoi ressemble votre bureau/espace de travail? Veuillez le décrire en quelques phrases courtes.

R: Depuis que j'ai commencé à travailler à domicile, mon espace de travail est très bien rangé, et mon poste de travail est moins chaotique qu'avant. Je ne sais pas pourquoi, exactement! J'aime travailler à domicile. Ce que j'ai remarqué, c'est que mes clients préfèrent venir ici, dans une maison, que dans un bureau. Peut-être que je ne prendrais pas rendez-vous avec un PDG chez moi, même si cela s'est finalement produit l'année dernière. Heureusement, j'ai un jardin, donc pour la plupart de mes clients cela a fonctionné très bien, en particulier pendant le «confinement dur» que nous avons vécu ici en Italie. Cela leur a permis de se sentir à l'aise et de s'ouvrir. C'est une grande leçon de la pandémie: que nous avons tous un côté humain que nous devrions montrer volontairement de temps en temps. Comme mon mentor avait l'habitude de nous le dire: «Souvenez-vous, mes filles, nous, les avocats, devons être de très bonnes psychologues!». Elle avait raison. C'est quelque chose que vous apprenez sur le tas.

Q: Qu'est-ce qui a changé dans votre routine de travail quotidienne par rapport à vos premiers jours en tant qu'avocat? Gérez-vous mieux le temps maintenant?

R: Je pense que ça a changé d'une meilleure façon. Parce que lorsque vous êtes apprenti, ou lorsque vous êtes un très jeune avocat, du moins en Italie, vous ne pouvez pas gérer votre propre entreprise à moins d'être très, très chanceux ou que quelqu'un vous aide à le faire. Alors maintenant, j'ai beaucoup plus de temps libre qu'avant, car dans les premières années je travaillais avec et pour d'autres avocats, donc je m'occupais des tâches qu'ils nous assignaient et de leurs rendez-vous. J'avais un agenda très chargé, et ce n'était pas toujours de ma propre initiative. Comme je suis une personne très organisée et que j'aime que tout soit organisé, je peux mieux gérer mon temps maintenant. C'est la meilleure partie.

D'un autre côté, il y a beaucoup plus de responsabilités que vous n'aviez pas lorsque vous faisiez partie d'un cabinet d'avocats.

Q: La privation de sommeil est notoirement l'un des «traits» professionnels des avocats. Combien de temps dormez-vous?

R: J'ai eu des problèmes de sommeil le long du chemin. J'ai donc travaillé sur moi-même, à changer mon état d'esprit. Même si parfois vous ne pouvez pas éviter d'être anxieux – parce que cela arrive – j'essaie de me rappeler que j'ai fait de mon mieux. Au moins ces derniers temps, je dors 8 heures par jour. Ce n'était pas pareil pendant le confinement, l'année dernière – pas nécessairement lié au travail, quand même!

Q: Comment pensez-vous que WOLEP va changer vos habitudes de travail à l'avenir?

R: Tout d'abord, j'espère que ce sera le cas. Je crois que c'est l'avenir. Je ne sais pas si en Italie nous travaillons aussi facilement, ni aussi vite. Il est indéniable que cette pandémie a contraint bon nombre d'entre nous à améliorer leurs compétences technologiques. Auparavant, en Italie, nous avions une «vieille» mentalité que cette pandémie a rajeunie. Donc pour moi, ce que WOLEP représente, c'est le changement, l'avenir du travail – et nous l'adopterons sûrement aussi en Italie. Espérons que les clients italiens découvriront ce nouveau réseau et l'utiliseront. Je pense que WOLEP apportera à chacun d'entre nous de nouveaux clients et aussi de nouvelles possibilités de travailler ensemble. Collaborer avec un collègue étranger est une excellente occasion de s'améliorer et d'apprendre quelque chose de nouveau que vous ne connaissiez peut-être pas auparavant.

Q: Des conseils de travail pour les jeunes avocats qui essaient de se faire un nom?

R: Je pense que nous aimerions tous avoir leur expérience actuelle, mais être aussi jeune qu'il y a 10 ans! Mais je pense que le seul vrai secret d'être un bon avocat est l'amour pour ce métier, le faire avec passion. Parce que c'est assez difficile, c'est assez exigeant, quelle que soit la branche du droit dans laquelle vous travaillez. Donc je suis peut-être une avocate romantique, mais je pense que l'amour est la réponse, et l'amour est le conseil. Si vous ne l'aimez pas, vous ne pourrez même pas parler efficacement à un client!

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